mercredi 1 avril 2015

The Greasy Hands preachers… la critique




Voici le petit mot envoyé aux auteurs. Ca vous donnera une idée de ce que je pense du film.

Un très beau film. Félicitation. Sur la forme, il n’y a pas de problème. Le montage, la manière de filmer, le grain, la musique, c’est propre et très agréable.

Sur le fond… je ne peux pas être aussi élogieux. Il me semble qu’il y a un souci dans le choix des personnages. Comment peut-on mettre sur le même niveau de vrais créateurs comme Roland Sand et Shinya Kimura et des bidouilleurs, plus à l’aise dans la communication et la bobosphère, que sont les Blitz ou des marchands comme Deus Ex Machina. Je mets à part El Solitario qui a sa propre démarche qu’on ne peut blâmer. Même s’ils sont sincères, ils participent à un phénomène de mode et n’amène pas grand chose. Si la volonté est de glorifier le travail manuel pourquoi pas ? Mais il y avait de meilleurs exemples (et il y en a beaucoup en France). De plus, je pense que votre film n’est pas un éloge de ce type de travail mais une glorification de ceux qui y reviennent. Ce n’est pas la même chose. Il y a une nette différence entre ceux qui y viennent et ceux qui n’ont jamais fait autre chose que de compter sur leurs mains pour vivre.

La mode a ceci d’effrayant, c’est de croire que rien n’existait avant elle. Alors que par principe, ce n’est qu’un cycle qui se répète. Beaucoup sont venu à la moto avec des ateliers comme les Wrench Monkees ou Deus qui ont surtout une manière et une volonté de communiquer. Ce que refusent bon nombre de travailleurs manuels navigant dans ce milieu depuis des lustres. Pour autant, ils existent (ou survivent) et auraient largement valu votre coup de projecteur.

Votre initiative reste louable mais aurait mérité un approfondissement du sujet avant de tomber dans la facilité d’une simple recherche sur Internet ne parlant que d’intervenants « tendances » ou « bancable ». C’est dommage de gâcher une si belle occasion.

J'ai fait un livre sur le sujet. Ca m'a pris plus de deux ans de boulot. C'est un mélange d'ateliers de mécanique et d'artiste. Si le cœur vous en dit…

2 commentaires:

  1. Faut il irrémédiablement blâmer ceux qui viennent s'immiscer dans des processus tendance, attirés comme des papillons par un réverbère par une belle nuit d'été, la mode...? Oui et non. J'aurais tendance à pondérer le propos. Ils sont à leur manière un des leviers nécessaires au maintien d'un art hélas en voie de perdition; notamment en donnant aux non initiés, l'occasion d'activer un déclencheur qui amènera certains d'entre eux à chercher et à découvrir les vrais artistes, ceux qui ont ça dans le sang et peut être s'en inspirer (Un exemple? D'accord! Si je n'avais pas lu ton livre je n'aurai pas découvert le monde du Burlesque avec Mimi de Montmartre ou l'incroyable originalité de Monsieur Gruau... entre autres). Les autres, qu'ils soient d'un côté bobos ou hipsters, de l'autre businessmen opportunistes ou communicants vénaux, ils éclateront tout seuls, comme des bulles de savon... Un peu comme tout ce qui concerne le Rock! C'est aussi ça la mode: la sélection naturelle par lassitude ou manque d'intérêt. En terme de vulgarisation le distingo entre les deux mondes reste délicat à gérer quant au choix. Cela dit ton propos reste juste et il a le mérite de l'expression, respect!

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  2. Il est toujours facile d'écrire et de critiquer, je suis bien placé pour le savoir. Néanmoins j'ose penser que même si certaines modes et certaines mises en lumières ont certainement un rôle à jouer, il faut davantage communiquer sur de vraies valeurs, celles de l'origine, qui "remonte" à loin et qui, comme leur nom l'indique, persistent dans le temps et traversent les époques, font référence. On ne doit ni les oublier, ni passer à côté, c'est comme un discours, une thèse ou on oublierait d'argumenter, de prendre référence et c'est dommage car c'est vrai que c'est l'occasion rêvée. Mais bon, c'est juste mon avis et cela n'engage que moi bien évidemment.

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