jeudi 17 août 2017

Altamont 69…

… Les Rollings Stones, les Hell's Angels et la fin d'un rêve. Par Joel Selvin.

  On a tous en mémoire les images de ce concert, les Stones sur scène, dans un état inqualifiable, demandant le calme qui n'arrive pas, à une foule aussi défoncée qu'eux et à des Anges occupés à balancer des mornifles.
  On connait moins les coulisses de cette catastrophe annoncée. Joel Selvin se charge d'éclairer notre lanterne, façon backstage mais aussi d'un point de vu sociétal. Le concert de Woodstock est devenu la référence mais surtout l'apogée du mouvement hippy. Et c'est bien connu, les opportunistes de tout poil se pointent toujours peu avant la fin de la fête. Les Rolling Stones n'échappent pas à cette règle. Galvanisés par leur tournée américaine, encensée par la critique pour de vraies performances scéniques, Jagger et ses gars veulent surfer sur la vague des concerts gratuits (pourtant Woodstock ne l'était pas au départ) et surtout récupérer une image de groupe cool, ce qui n'était plus le cas après qu'ils aient fait doubler le prix des places de leurs concerts. Opportunisme, (fausse) naïveté, laxisme, véritable intérêt pour le gain, le groupe britannique, adoubé par le Grateful Dead, lui offrant une infrastructure servie sur un plateau qu'ils goûteront du bout du bec, tel des sales gosses bien trop gâtés. S'en suivra un désastre.
  Le film, Gimme Shelter, nous montre "en live" le tabassage de Meredith Hunter qui finira par succomber sous plusieurs coups de couteau. Mais ce ne fut pas la seule victime. Un jeune homme de 19 ans se noie dans le canal avant d'arriver au concert, bien trop défoncé pour faire face au courant. Et c'est à la fin du concert qu'un barjot foncera dans la foule en bagnole, fauchant cinq personnes (dont un bébé qui s'en tire indemne) tuant deux personnes. Il va s'en dire que tout se petit monde était chargé à mort. LSD, alcool, marijuana, drogues de mauvaise qualité (le tout parfois mélangé)… loin donc, de simples fumeurs de joints. L'autodrome d'Altamont était devenu le temps d'une journée, le royaume de la défonce. Aucune force de police sur place, une organisation absente, pas de sanitaires, rien de prévu pour la bouffe… l'endroit devient un No Man's Land où chacun fait comme il veut… ou comme il peut. Les Anges, préposés à la "sécurité", cassent de la mâchoire à tour de bras, à grands coups de queues de billard. Mettant même KO des membres du Grateful Dead et de Jefferson Airplane.
  C'est dans cette ambiance violente et délétère que ces Messieurs des Rolling Stones descendent de leur hélico pour conquérir le nouveau monde. La marche sera haute et la douche froide qui s'en suivra rendra amer la bouteille de Jack, transformera le dernier rail de cocaïne en poudre pour récurer les chiottes et la suffisance, allant jusqu'au mépris, de ces petits londoniens voulant jouer les mauvais garçons, finira en traces sombres au fond de leurs frocs. N'ayant rien géré et même laissé le trouble s'installer au sein de l'équipe, le petit jeu machiavélique qu'a joué Jagger (négociant les droits du futur film et faisant croire que les bénéfices iraient à une œuvre caritative) lui péte à la gueule en un éclair, ayant usé la mèche déjà courte d'un pétard qu'il pensait rempli d'étoiles, de paillettes et de lumière divine, finalement rempli de merde et d'embrouilles qu'ils ont eux même substitué au dessein plus gratifiant.
  Personne ne sortira indemne de cette expérience. Et la liste est longue.

 Même si les protagonistes du récit donnent parfois envie de gerber tellement leur soif de pouvoir, leur vanité et leur mépris transpirent de leurs petites personnes, ce livre se dévore d'une traite. Il est riche et bien documenté, sérieux. Un vrai bonheur pour qui aime le Rock et son histoire (glorieuse ou décadente).


2 commentaires:

  1. A ranger à côté de:https://rockthebonnie.com/2017/05/13/henri-loevenbruck-jean-william-thoury-%e2%80%b3lassaut-des-motards%e2%80%b3/
    Merci Vince mais tu fais ch**** je l'ai commandé!

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