Voici le petit mot envoyé aux auteurs. Ca vous donnera une idée de ce que je pense du film.
Un très beau film. Félicitation. Sur la forme, il n’y a pas
de problème. Le montage, la manière de filmer, le grain, la musique, c’est
propre et très agréable.
Sur le fond… je ne peux pas être aussi élogieux. Il me
semble qu’il y a un souci dans le choix des personnages. Comment peut-on mettre
sur le même niveau de vrais créateurs comme Roland Sand et Shinya Kimura et des
bidouilleurs, plus à l’aise dans la communication et la bobosphère, que sont
les Blitz ou des marchands comme Deus Ex Machina. Je mets à part El Solitario
qui a sa propre démarche qu’on ne peut blâmer. Même s’ils sont sincères, ils
participent à un phénomène de mode et n’amène pas grand chose. Si la volonté
est de glorifier le travail manuel pourquoi pas ? Mais il y avait de
meilleurs exemples (et il y en a beaucoup en France). De plus, je pense que votre
film n’est pas un éloge de ce type de travail mais une glorification de ceux
qui y reviennent. Ce n’est pas la même chose. Il y a une nette différence entre
ceux qui y viennent et ceux qui n’ont jamais fait autre chose que de compter
sur leurs mains pour vivre.
La mode a ceci d’effrayant, c’est de croire que rien
n’existait avant elle. Alors que par principe, ce n’est qu’un cycle qui se
répète. Beaucoup sont venu à la moto avec des ateliers comme les Wrench Monkees
ou Deus qui ont surtout une manière et une volonté de communiquer. Ce que
refusent bon nombre de travailleurs manuels navigant dans ce milieu depuis des
lustres. Pour autant, ils existent (ou survivent) et auraient largement valu
votre coup de projecteur.
Votre initiative reste louable mais aurait mérité un
approfondissement du sujet avant de tomber dans la facilité d’une simple
recherche sur Internet ne parlant que d’intervenants « tendances » ou
« bancable ». C’est dommage de gâcher une si belle occasion.
J'ai fait un livre sur le sujet. Ca m'a pris plus de deux ans de boulot. C'est un mélange d'ateliers de mécanique et d'artiste. Si le cœur vous en dit…
Faut il irrémédiablement blâmer ceux qui viennent s'immiscer dans des processus tendance, attirés comme des papillons par un réverbère par une belle nuit d'été, la mode...? Oui et non. J'aurais tendance à pondérer le propos. Ils sont à leur manière un des leviers nécessaires au maintien d'un art hélas en voie de perdition; notamment en donnant aux non initiés, l'occasion d'activer un déclencheur qui amènera certains d'entre eux à chercher et à découvrir les vrais artistes, ceux qui ont ça dans le sang et peut être s'en inspirer (Un exemple? D'accord! Si je n'avais pas lu ton livre je n'aurai pas découvert le monde du Burlesque avec Mimi de Montmartre ou l'incroyable originalité de Monsieur Gruau... entre autres). Les autres, qu'ils soient d'un côté bobos ou hipsters, de l'autre businessmen opportunistes ou communicants vénaux, ils éclateront tout seuls, comme des bulles de savon... Un peu comme tout ce qui concerne le Rock! C'est aussi ça la mode: la sélection naturelle par lassitude ou manque d'intérêt. En terme de vulgarisation le distingo entre les deux mondes reste délicat à gérer quant au choix. Cela dit ton propos reste juste et il a le mérite de l'expression, respect!
RépondreSupprimerIl est toujours facile d'écrire et de critiquer, je suis bien placé pour le savoir. Néanmoins j'ose penser que même si certaines modes et certaines mises en lumières ont certainement un rôle à jouer, il faut davantage communiquer sur de vraies valeurs, celles de l'origine, qui "remonte" à loin et qui, comme leur nom l'indique, persistent dans le temps et traversent les époques, font référence. On ne doit ni les oublier, ni passer à côté, c'est comme un discours, une thèse ou on oublierait d'argumenter, de prendre référence et c'est dommage car c'est vrai que c'est l'occasion rêvée. Mais bon, c'est juste mon avis et cela n'engage que moi bien évidemment.
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