mercredi 3 décembre 2014

Ruby en liquidation judiciaire

  L'info est tombée lundi (mais la décision de justice date du 27 novembre), les Ateliers Ruby sont en liquidation judiciaire. Même si je n'ai jamais adhéré à la frénésie vouée a cette marque, personne ne peut se réjouir de la nouvelle. Ciblant une clientèle élitiste, mais volage, s'obligeant à pratiquer des tarifs inaccessibles au motard lambda pour justifier son statut de marque Premium (comme on dit de nos jours), le cœur de cible bobo vient, à mon sens, de se retourner contre son créateur.
  Pour faire un parallèle, j'ai constaté qu'au Salon Moto Légendes, ce "fameux" cœur de cible, avait déserté les couloirs du salon. Plus de barbus en chemises à carreaux. Après ce joyeux constat, je me suis dit que ces grands enfants qui peuplent et évident de leur sang les quartiers populaires des grandes villes (attention… ils s'attaquent à la banlieue), étaient tout simplement passé à autre chose. Lançant les modes… et les démodant tout aussi vite, les dénigrant même lorsqu'elle les dépassent. Je les comprend en même temps, voir son casque qu'on a payé une blinde, sur la tête d'un mannequin, d'une star, ou d'un vulgaire people se répandre sur le papier médiocre de tous les tabloïd de la planète… ça doit être difficile à admettre. Il ne faut donc pas s'étonner, qu'une fois le précieux couvre chef acquis, à peine utilisé, et déjà remisé, le roulement et le renouvellement ne se fasse pas.
  Pour autant, on ne peut rien reprocher à la qualité et au confort de ces casques (enfin à entendre leurs propriétaires… qui passeraient pour bien stupide s'il prétendaient le contraire vu le prix qu'ils y ont mis). La marque avait tablé sur ces critères mais aussi sur une petite ambiguïté. Présentant l'objet dans la lignée du luxe à la française – on se souvient de la pub avec Karl Lagerfeld, Monsieur Chanel – (ce qui jusque là, ne choc personne [ou presque]), mais oubliant de dire qu'ils étaient fabriqués en Chine (ce qui n'enlève rien à leur qualité, le cahier des charges étant d'un niveau hyper élevé).
  Je veux bien admettre qu'il n'y ait pas en France de sociétés qualifiées, ou suffisamment compétitives (!), pour fabriquer ce type de produit. Mais il me semble difficile de vouloir se mettre au niveau de nos marques spécialisées dans les biens d'exceptions, avec un casque Made in China. Difficile aussi de lancer un produit "fashion", sans qu'il ne se démode.

  Une fois de plus, une marque française n'arrive pas s'imposer dans le milieu de la moto. Mais ce n'est pas une fatalité, une malédiction ou le sort qui s'acharne. Dans quasiment tout les cas de figure, des choix sont fait qui vont à contre sens de ce qu'il faudrait faire. Ruby avec un intégral sans visière, mais aussi Voxan (qui a subit le même sort) avec le choix d'un designer tout juste bon a dessiner un fer à repasser. Que dire de Midual avec son design bien trop clinquant ou Avinton qui "refait" une Buell… avec 20 ans de retard !
  Ce n'est donc pas la qualité des produits qui est en question… mais bien les choix opérés et une vue du marcher qui n'est pas la bonne… sauf si la volonté est de faire un "coup", ou du court terme. Rien a voir avec le luxe donc.

3 commentaires:

  1. Belle analyse et bye-bye Ruby ! Je crois que de toute façon luxe et bécane n'iront jamais ensemble. Quant aux déboires mécaniques à la française que l'on a copieusement additionné (il y avait pas moins d'une quarantaine de petits constructeurs de bécanes en France) j'ai la triste impression qu'on s'obstine à choisir les mauvaises personnes, a monter des équipes bancales qui ne sont pas conscientes des goûts ni de la culture de leurs futurs clients. Un peu comme le toubib qui intervient dans une emission pour vendre son bouquin sur les dangers du pétard alors qu'il a jamais bédave. Pourtant il y a des talents en France niveau design en général et bécane en particulier, suivez mon r'gard...

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